Qu’on les appelle « principes », « morale » ou « éthique », nos valeurs personnelles sont un élément important de notre vie.
Mais il n’est pas toujours aisé de les dissocier des croyances desquelles la société nous imprègnent, ni de vivre en accord avec elles.
Alors, comment repérer et respecter nos valeurs personnelles ? Voici les clés indispensables pour mieux comprendre.
Qu’est-ce qu’une valeur personnelle ?
Les valeurs personnelles sont les principes qui guident notre action. Ce sont des concepts dans lesquels nous nous reconnaissons, des modèles de comportement et de morale que nous aspirons à suivre. Nous les respectons et elles guident nos actions. Grâce à elles, ou à cause d’elles, nous faisons tel choix plutôt que tel autre. Pour les désigner, on emploie aussi d’autres termes tels que « principes » ou « éthique ». Ce dernier désigne d’ailleurs l’ensemble cohérent formé par les valeurs d’un individu.
Nos valeurs sont le fondement de notre morale personnelles. C’est en fonction d’elles que nous jugeons de ce qui est bien ou mal à nos yeux. Lorsque nous agissons de façon contradictoire avec elles, nous nous sentons mal. Même si nous n’avons rien fait d’illégal, nous avons le sentiment d’avoir commis une faute.
À contrario, lorsqu’une valeur personnelle qui nous est chère se reflète dans nos actions, nous nous sentons fier et confiant. Nous sommes en accord avec nous-même et c’est ce qui nous rend heureux.
Une personne qui n’a pas de valeurs personnelles ne peut pas donner de direction claire à sa vie. Elle est condamnée à rester dans un état d’incertitude et à être influencée par les valeurs de ceux qui croisent sa route.
La construction des valeurs personnelles : un processus complexe
La construction de nos valeurs personnelles est un processus complexe qui se met en place dans l’enfance et continue tout au long de notre vie. Notre éthique n’est pas figée et peut être amenée à évoluer de façon plus ou moins significative au cours du temps.
Le processus débute dès notre plus jeune âge. Nous entendons chaque jour, nos parents et notre famille donner leur avis sur le monde qui les entoure. Chaque fois qu’ils jugent un comportement ou un événement, ils affichent et affirment leurs propres valeurs. Fatalement, nous nous en imprégnons. Vient s’ajouter à ce phénomène l’éducation que nous recevons.
Ensuite, nous allons à l’école, où nous découvrons les valeurs de la société dans laquelle nous vivons. Elles se reflètent dans l’enseignement des professeurs, mais aussi dans nos interactions avec les autres. Pour la première fois, et sans en avoir vraiment conscience, nous confrontons nos convictions naissantes à celles des autres. De ce fait, nous sommes aussi influencés par ces échanges.
Le début de l’adolescence marque la remise en cause des idées de nos parents. En rejetant notre éducation, nous tentons pour la première fois de construire notre propre système de valeurs. Un défi ambitieux qui dure toute une vie, car il est bien difficile de se départir de son héritage idéologique et de faire la différence entre ce que nous pensons vraiment et ce que les autres projettent sur nous.
Certaines personnes ont davantage de facilité à s’affirmer et à savoir ce qu’elles veulent. Elles ont des valeurs personnelles solidement ancrées qui guident l’ensemble de leur vie et de leurs actions. D’autres, ont plus de mal à s’affirmer. Elles sont sans cesse partagées entre leur propre éthique et les valeurs des autres, car elles veulent à tout prix éviter les conflits.
Respecter et faire respecter ses valeurs personnelles
Il n’est pas toujours évident de respecter ses valeurs personnelles, encore moins de les faire respecter par les autres. Si nous avons l’impression que notre éthique est clairement arrêtée et que nous ne ferons jamais quelque chose de contraire à nos principes, il n’est pas toujours simple de maintenir cette résolution dans la réalité.
Les occasions de faire de petites compromissions avec nous-même sont légions. Le monde professionnel, notamment, fournit de nombreuses sources de dilemmes. Pour conserver notre emploi ou obtenir une promotion, nous sommes parfois amenés à faire des choses qui vont à l’encontre de nos valeurs personnelles.
La vie privée n’est pas non plus exempte de situations difficiles. La personne qui partage notre vie, nos amis, nos enfants et notre famille ont tous des attentes qu’il est difficile de décevoir, quitte à nous trahir. De nombreuses personnes finissent par accepter des choses qui les dérangent de peur de faillir à leur loyauté envers leurs proches.
On entend souvent dire que ces petits arrangements sont normaux. Que dans la vie, il est normal de faire des concessions et qu’il faut bien savoir faire des sacrifices. Le problème, c’est que cette manière de penser déforme une réalité de façon exagérée.
Certes, il est indispensable d’apprendre à faire des concessions pour vivre en harmonie avec les autres. Il est impossible d’avoir raison en permanence, sauf à vivre seul. Mais cela ne doit pas se faire au détriment de nos valeurs personnelles ! Les valeurs de chacun sont, et doivent rester, non-négociables.
Il est difficile d’apprendre à dire « non » dans un monde où nous sommes éduqués à satisfaire les autres dès le plus jeune âge. À peine savons nous marcher que nous devons nous mettre en quatre pour plaire à nos parents. Et la liste des gens à contenter n’en finit pas de s’allonger au fur et à mesure que nous prenons de l’âge.
Mais apprendre à utiliser le pouvoir de dire « non » est un réflexe vital pour notre survie psychologique (et parfois pour notre survie tout court). Chaque fois que nous cédons et préférons aller à l’encontre de nos valeurs personnelles au lieu de refuser purement et simplement ce qui ne nous convient pas, nous ressentons un mal-être.
Cette sensation est plus ou moins prononcée selon l’importance de l’entorse à notre éthique, mais, dans tous les cas, une sensation désagréable et diffuse nous envahit. Nous sommes dégoûtés de nous-mêmes, nous avons l’impression d’être salis et nous avons de la rancune contre la personne face à qui nous avons cédé.
Bien souvent, la culpabilité nous taraude et nous nous en volons de ne pas avoir su tenir bon des jours durant. Résultat : notre estime de soi en prend un coup et nous en venons à penser que nous sommes incapables de nous faire respecter.
C’est pour éviter une telle situation qu’il est indispensable de respecter ses valeurs personnelles et de les faire respecter par les autres. Pour y parvenir efficacement, il faut déjà être convaincu de la justesse de nos propres convictions pour qu’elles soient solidement ancrées en nous. Des valeurs dont nous ne sommes pas profondément fiers ne peuvent pas être défendues avec la conviction nécessaire pour les faire respecter.
Ensuite, lorsque vous sentez qu’une situation est sur le point de devenir ambiguë, exposez d’entrée de jeu vos valeurs personnelles et les limites qu’elles impliquent. Soyez calme et posé, mais ferme. Lorsque vous refusez de faire quelque chose, expliquez-en la raison et prévenez votre interlocuteur que vous n’avez pas l’intention de changer d’avis.
L’assertivité (la capacité à imposer le respect en société sans utiliser le conflit) n’est innée chez personne. C’est une capacité qui s’acquiert à force de travail, d’essais et d’erreurs rectifiées. Si vous avez du mal, efforcez-vous de changer, mais ne vous découragez pas si cela vous semble difficile au début. Continuez de vous affirmer aussi souvent que possible et essayez de cerner le problème lorsque cela ne fonctionne pas.
Conflit de valeur : comment les résoudre ?
Nous ne sommes pas les seuls à avoir des valeurs personnelles. Les gens que nous côtoyons au quotidien en ont également. Il arrive parfois que les nôtres soient à l’opposé des leurs, ce qui entraîne forcément un conflit à plus ou moins long terme.
Apprendre à gérer les conflits de valeur est un enjeu de taille, en particulier dans le monde du travail. Car, si nous sommes libres de choisir notre entourage dans la vie privée, nous nous devons composer avec nos collègues de travail.
Nous l’avons dit plus haut dans cet article, pas question de négocier avec les valeurs. C’est ce qui rend ce type de situation si complexe à résoudre. La première étape consiste à identifier clairement les valeurs personnelles en jeu de part et d’autres. Il est donc essentiel d’aborder le désaccord dans une posture de dialogue.
Une fois les enjeux définis, il faut parvenir à trouver un terrain d’entente qui permette à chacun de respecter ses propres convictions, tout en faisant un pas vers l’autre dans l’intérêt général. Prenons un exemple concret.
Jean et Pierre travaillent dans le même atelier, qui doit être nettoyé chaque vendredi soir. Mais Pierre a l’habitude de partir chaque semaine à 16 h pile le vendredi, ce qui force Jean à rester plus tard, car il doit nettoyer tout seul.
Pierre explique son attitude par le fait qu’il veut aller chercher son fils à l’école, car la famille est sacrée à ses yeux. Jean, quant à lui, pense qu’il est normal que la loyauté envers son équipe implique des sacrifices.
Pour concilier ces deux points de vue sans que l’un n’ait à renoncer, Pierre pourrait, par exemple, soulager Jean d’une partie de son travail un jour où il n’a pas d’obligation familiale. En contre partie de quoi, ce dernier accepterait de continuer à nettoyer seul le vendredi. L’important est que les deux partis adhèrent à la solution pour ne pas se sentir lésées.
Nos valeurs personnelles sont intimement liées à notre identité. Elles se construisent au fil des années, grâce à notre éducation et à nos expériences qui leur permettent d’évoluer. S’il n’est pas toujours facile de s’imposer pour les faire respecter par les autres, il est essentiel de s’employer à le faire. Il est primordial de vivre en accord avec soi-même. Aussi, mieux vaut affirmer ses valeurs personnelles dès le début et résoudre les conflits qui peuvent en découler par l’ouverture et le dialogue.