Surdoués, zèbres, et même parfois génies, les mots pour qualifier ceux qui ont un QI hors normes ne manquent pas.
On imagine souvent les élus dotés d’une intelligence supérieure à la moyenne heureux et bénissant ce don du ciel qui les démarque de la masse.
Pourtant, être HPI peut être une véritable souffrance quand cette différence isole. L’enfer des hauts potentiels porte un nom : le décalage par rapport aux autres.
Qu’est-ce qu’un haut potentiel intellectuel ?
La notion de haut potentiel intellectuel est souvent utilisée bien trop largement, y compris pour qualifier des gens qui ne rentrent pas réellement dans cette catégorie. Est considéré comme tel tout individu qui possède un quotient intellectuel égal ou supérieur à 130. Cette situation concerne seulement 3 % de la population mondiale, selon l’estimation la plus large.
Oubliez les tests gratuits en ligne qui ont trop souvent tendance à gratifier ceux qui les font d’un QI digne d’Einstein. La seule manière de savoir si vous entrez vraiment dans cette catégorie est de passer un test auprès d’un psychologue agréé. Certaines associations qui regroupent des HPI proposent aussi des sessions de tests pour mesurer l’intelligence des postulants.
Contrairement à ce que la fiction laisse entendre, le surdoué brillant dans tous les domaines et capable de calculer de tête plus rapidement que le dernier ordinateur sorti sur le marché est un mythe. Les hauts potentiels ont un fonctionnement cérébral plus performant que celui des autres, mais leur potentiel s’exprime souvent dans un domaine précis, parfois plusieurs, mais jamais dans toutes les matières.
De même, cette facilité à apprendre ne les rend pas pour autant détenteurs de la science infuse. Ils doivent tout de même travailler pour tirer profit de leur intellect.
Être haut potentiel : un don et une malédiction
Qui n’a jamais rêvé de posséder une intelligence hors normes ? Personne, sans doute. Pourtant, pour de nombreux HPI, la situation tient plus du cauchemar que du conte de fées. En effet, les capacités cognitives des zèbres ne sont pas les seules à être particulières. C’est l’ensemble de leur manière de penser et de leur vision du monde qui est à contre-courant de la majorité.
Dans une société qui prône l’uniformité et où on essaie de nous couler dans un moule depuis notre plus jeune âge, il peut être extrêmement frustrant de ne pas parvenir à y entrer. D’autant que la société est là pour souligner cette anormalité, sous la forme des remarques et de la désapprobation des autres. La vie d’un HPI peut rapidement devenir très compliquée, en particulier durant l’enfance et l’adolescence, qui sont des périodes de la vie durant lesquelles nous sommes particulièrement fragiles.
Grâce à cet article, vous allez comprendre pourquoi le décalage avec les autres peut devenir un véritable enfer des hauts potentiels.
L’enfer des hauts potentiels : le décalage par rapport aux autres
Les sources de décalages entre les HPI et le reste des gens sont nombreuses. Voici les principaux domaines de fracture qui conduisent les zèbres à se retrouver isolés et en souffrance.
Un décalage de compréhension
L’enfer des hauts potentiels commence souvent dès le plus jeune âge avec un décalage de compréhension flagrant entre eux et les autres enfants. Quand les gamins de leur âge savent à peine parler correctement, ils utilisent déjà des tournures de phrases qui n’ont rien à envier à celles des adultes. En classe, ils ont l’impression de s’ennuyer et s’agacent du fait que leurs camarades mettent du temps à intégrer ce qui leur paraît être des évidences.
Un ennui qui se traduit souvent par de l’indiscipline et qui leur vaut de nombreux problèmes avec le système scolaire traditionnel. Comme de nombreuses institutions, l’école n’est, malheureusement, pas adaptée aux gens différents, encore moins lorsque ceux-ci sont plus brillants que la moyenne.
Pour tenter de compenser ce décalage, les enfants zèbres recherchent souvent la compagnie des adultes avec qui ils ont des échanges plus intéressants. Le problème, c’est que ces derniers n’ont pas du tout envie de discuter avec ceux qu’ils considèrent comme de simples gamins.
Ils les renvoient jouer avec les jeunes de leur âge. Mais leurs camarades aussi rejettent souvent les HPI, car ils les trouvent ennuyeux et sont dépassés par leur avance. Au final, les hauts potentiels se retrouvent souvent mis à l’écart durant une grande partie de leur vie.
Une sensibilité parfois à fleur de peau
Une autre composant de l’enfer des hauts potentiels, c’est le décalage de sensibilité. Même si ce n’est pas une constante, une part non-négligeable des personnes HPI est hypersensible. Ce qui fait un problème supplémentaire à gérer. Les hypersensibles vivent tout plus fort que les autres et prennent la moindre critique, le moindre mot désobligeant à cœur. Ils ont donc tendance à surréagir, ce qui ne les aide pas à s’intégrer, ni à se faire des amis.
Même chez les zèbres qui n’ont pas une sensibilité plus forte que la moyenne, il existe tout de même un décalage de maturité assez criant qui rend la communication avec les personnes de leur âge difficile. Là où leur entourage vit au jour, le jour, les hauts potentiels vont, par exemple, avoir tendance à se projeter dans le futur.
Ce qui peut déboucher sur un véritable dialogue de sourds entre un jeune lambda qui se préoccupe de s’amuser pour profiter de la vie et un jeune zèbre qui sait que c’est précisément avant 25 ans que se prennent les décisions les plus importantes pour notre avenir.
La pensée en arborescence, une particularité des HPI
Les hauts potentiels ont un cerveau à part, qui est loin de fonctionner comme celui de tout le monde. La manifestation la plus visible de ce décalage, c’est ce que l’on appelle la pensée en arborescence. La majorité des gens pensent de façon linéaire. Une idée en entraîne une autre qui est la suite logique de la première. Il est facile de retracer le fil de la conversation, puisqu’il suffit d’en dérouler le fil.
Chez les hauts potentiels, en revanche, les choses ne se passent pas de cette manière. Leur esprit fonctionne avec un système de répertoire composé de différentes cases, exactement comme sont organisés les dossiers d’un ordinateur.
Leur esprit saute de dossier en dossier, en fonction des sollicitations. S’ils sont en train de parler d’un sujet précis et entendent tout à coup un mot qui leur évoque un souvenir, ou autre chose, les hauts potentiels vont s’écarter de la discussion initiale pour développer cette nouvelle idée, jusqu’à ce qu’il soit de nouveau dérouté, et ainsi de suite.
À la fin de l’échange, il est souvent impossible de ce souvenir d’où il est exactement parti tant les sursauts intellectuels sont nombreux. Loin d’être un signe d’inconstance, c’est au contraire le signe que leur cerveau peut traiter de manière assez fine un grand nombre d’informations à la fois pour les organiser.
Une vision globale du monde qui peut surprendre
La manière dont les personnes au potentiel moyen conçoivent la vie est aussi l’enfer des hauts potentiels, tant elle est en décalage avec la leur. En effet, la plupart des gens ne voient que l’effet immédiat de leurs actions. Par exemple, s’ils jettent un papier par terre, ils vont penser au fait qu’un employé municipal est payé pour nettoyer les rues et va le retirer.
Un haut potentiel intellectuel, lui, ne voit pas les choses du même œil. Il va plutôt se projeter et prendre de la hauteur pour mieux analyser l’impact de chaque chose. Si on reprend l’exemple du papier, notre HPI va commencer par se demander de quoi est fait ce papier et s’il est vraiment recyclable.
Il va faire en sorte de bien le jeter dans le bon bac. Puis, il va imaginer ce qui se passerait si tout le monde faisait comme la personne avant lui. Alors même que le visiteur a fini par ramasser son papier pour le mettre à la poubelle, l’intello continue de projeter des scénarios catastrophe.
Un HPI agit ainsi, car il voit bien au-delà des apparences. Il va se dire que si tout le monde agit avec la même inconséquence le monde ne serait plus vivable et imaginer une planète croulant sous les détritus. Une vision qu’il tente désespérément de faire partager aux autres. Malheureusement, ceux-ci sont souvent incapables de le comprendre et le traitent de rabat-joie, ou d’hurluberlu.
Vie intime et haut potentiel : une équation parfois difficile
Le décalage qui peut exister dans la vie intime entre les HPI et les autres est un sujet peut aborder. Pourtant certaines situations peuvent être source de réels problèmes pour les hauts potentiels et compliquer leurs relations aux autres. Une intelligence supérieure à la moyenne se caractérise par un esprit en perpétuel mouvement qui analyse en permanence tout ce qui l’entoure, comme le ferait un radar géant.
Cette attitude est peu propice au relâchement et à la détente, si bien que les zèbres ont tendance à habiter davantage leur tête que leur corps. Pourtant, s’il est un domaine où il est indispensable de savoir déconnecter la machine et de se laisser aller pour vivre pleinement les sensations physiques, c’est bien celui des rapports intimes.
De nombreux hauts potentiels ne sont pas à l’aise dans cette situation et ont du mal à s’abandonner. Paradoxalement, ne penser à rien leur demande un grand effort de concentration qui peut être mis à mal par un élément extérieur comme un bruit, ou une odeur qui va les entraîner dans de nouvelles réflexions.
Cette difficulté à réagir comme les autres sous la couette est souvent source de frustration aussi bien pour eux que pour leur partenaire, qui prend ce comportement pour un manque d’attention, ou d’amour. Il existe un véritable risque de repli sur soi et d’isolement si la communication n’arrive pas à s’établir et que l’autre ne fait pas un réel effort pour comprendre la véritable cause du problème.
Si ce phénomène ne concerne pas la totalité des zèbres, cette source de décalage peu connue, qui ajoute à l’enfer des hauts potentiels, mérite tout de même d’être mentionnée.
Comment s’épanouir avec un haut potentiel ?
Bien que le décalage avec les autres soit réellement difficile à vivre pour les 3 % de la population qui possèdent un QI dépassant les 130, il est heureusement possible d’être un haut potentiel intellectuel épanoui et heureux.
La première condition pour cela, c’est de voir sa différence comme une force et pas comme une malédiction. Car, même si elle est loin de leur rendre la vie facile, l’intelligence des HPI leur permet d’accomplir des choses qui peuvent faire avancer le monde de façon positive. Il leur suffit de la mettre au service de quelque chose qui a du sens pour eux.
Faciliter les relations avec les autres demandes d’être capable d’expliquer les raisons de ce fameux décalage et de communiquer largement. Il faut aussi faire le tri pour écarter les personnes toxiques et se concentrer sur celles qui sont bienveillantes. Certains zèbres se sentent plus à l’aise avec des gens qui leur ressemblent. Il existe des écoles du type Montessori, qui sont spécialisées dans la prise en charge de ces enfants particuliers.
Une vigilance s’impose toutefois, car de nombreux mouvements sectaires utilisent la prise en charge des personnes douées comme couverture. Pour les adultes, il existe des associations réservées au plus de 130 qui permettent de rencontrer d’autres zèbres. Une démarche salutaire, à condition de ne pas se fermer au monde extérieur pour autant.
Même si leur intelligence peut sembler être une bénédiction, l’enfer des hauts potentiels est une réalité. Il prend sa source dans le décalage par rapport aux autres qui se fait sentir dès le plus jeune âge. Que ce soit dans la manière de penser, d’appréhender les émotions, ou de voir la vie, les zèbres ne font rien comme les autres, ce qui peut poser problème dans un monde où le culte de la normalité est une réalité.
Pour s’épanouir pleinement, il leur faut accepter leur potentiel hors norme, avec ses avantages et ses inconvénients et l’investir dans quelque chose qui fait sens. Si vous êtes HPI, rapprochez-vous de gens qui vivent la même chose que vous. Si vous en connaissez, traitez-les avec bienveillance, vous avez des choses à apprendre d’eux !